
Le 22 juin 1944, Himmler signe l'ordre officiel déléguant aux responsables SS des camps de concentration situés dans les territoires occupés à l'Est par le Reich – des pays Baltes à la Pologne et la Tchéquie d'alors – l'évacuation des détenus aptes au travail vers des camps éloignés du front. Pris en tenaille par l'offensive des troupes anglo-américaines et celle de l'Armée rouge, le régime nazi veut continuer à faire tourner sa machine militaro-industrielle avec sa main-d'œuvre de captifs. De Majdanek via Lublin, à partir d'avril 1944, jusqu'à Auschwitz-Birkenau, puis, entre l'été 1944 et l'hiver 1945, d'Auschwitz-Birkenau jusqu'à Dachau, près de Munich... : à mesure que le front se rapproche des camps de l'Est, les évacuations des captifs de quelque 500 camps disséminés dans toute l'Europe centrale et orientale se déroulent dans le plus grand chaos. Transférés à pied ou parfois en camion jusqu'à des gares où ils sont entassés dans convois de marchandises, plus de 700 000 détenus, hommes et femmes jugés aptes au travail, vont ainsi prendre la route tout au long de la dernière année du conflit mondial pour rejoindre, de camp en camp, l'Allemagne et l'Autriche. Plus d'un tiers d'entre eux mourront lors de ces terribles "marches de la mort", succombant à la faim, au froid, à l'épuisement, voire seront abattus en chemin par leurs gardiens ou les populations des villages traversés.
Les images des marches de la mort sont rares : une poignée de photos prises clandestinement par des civils, des images de films amateurs comme celles qui témoignent du départ à pied, à l'automne 1944, de 50 000 juifs du ghetto de Budapest vers Vienne. Seule mémoire vivante, celle des témoignages de rescapés célèbres comme Marceline Loridan-Ivens, Simone Veil ou Primo Levi, qui ont raconté leur périple cauchemardesque, mais aussi d'anonymes, recueillis pour la télévision ou la Fondation des archives de l'histoire audiovisuelle des survivants de la Shoah, fondée par Steven Spielberg. Réunissant les éclairages des historiens Christian Ingrao, Annette Wieviorka, Johann Chapoutot et Tal Bruttmann, Virginie Linhart (Ernest Hemingway – Quatre mariages et un enterrement, Ce qu'ils savaient – Les Alliés face à la Shoah, Après les camps, la vie...) documente l'un des épisodes les plus méconnus de la folie jusqu'au-boutiste d'un Troisième Reich refusant de se résoudre à la défaite jusqu'aux derniers jours de la guerre.
Réalisé par Virginie Linhart

À la fin de la guerre, face à l'avancée des armées alliées, les SS emmènent avec eux une partie des prisonniers pour les transférer vers d'autres camps, en Autriche ou dans le centre de l'Allemagne.
Tandis que le Troisième Reich s'effondre, déportés politiques et Juifs subissent d'ultimes épreuves connues principalement grâce aux témoignages des survivants. Ces déplacements forcés, qui commencent au printemps 1944, sont appelés « les marches de la mort ».
À l'approche des Soviétiques, les derniers prisonniers sont évacués de Majdanekle 22 juillet 1944. À l'Ouest, en septembre 1944, le camp de Natzweiler-Struthofest aussi vidé de ses occupants conduits dans les Kommandos de Dachau. En juin 1944, une ordonnance de Himmler donnait de larges pouvoirs aux chefs SS des camps.
Cette consigne explique pourquoi les scénarios de chacun des camps furent si différents : certaines évacuations tournèrent au massacre alors que, dans d'autres cas, la violence fut plus limitée. De très nombreux déportés meurent d'épuisement, de faim, de maladie ou sont exécutés par les nazis.
Les marches de la mort sont d'autant plus difficiles à comprendre que pendant les évacuations de Majdanek et les premiers départs d'Auschwitz, des convois continuent d'arriver de France et d'Italie à l'été 1944, puis de Hollande et de Theresienstadt en septembre. On estime que près de 300 000 sur les 700 000 personnes encore internées en janvier 1945, seraient décédées lors de ces évacuations.
UNE IMPROVISATION GÉNÉRALE
Comme l'a montré l'historien Daniel Blatman, les marches de la mort ne répondent à aucun plan d'ensemble. En l'absence d'un ordre d'évacuation général, ce dernier soubresaut de la machine concentrationnaire doit beaucoup à l'improvisation, aux décisions des commandants des camps et des responsables régionaux de la police du Reich dans les zones de combat.
De ce fait, il existe de multiples expériences de marches de la mort, différentes par leur durée (de quelques jours à plusieurs semaines), les itinéraires et les conditions de déplacement, l'état de santé des déportés, la personnalité des SS et l'attitude de la population. Ainsi, les déportés évacués d'Auschwitz et des camps de travail de Haute Silésie parcoururent des trajets compris entre 200 km (pour ceux qui arrivèrent à Gross-Rosen) et 3 000 km (pour ceux qui arrivèrent à Dachau, Buchenwald ou Bergen-Belsen). Dans la plupart des cas, la mortalité fut considérable. LA POPULATION FACE AUX DÉPORTÉS
Tandis que les routes sont encombrées par des colonnes de détenus, la population assiste aux mauvais traitements infligés aux déportés. Certains restent des témoins passifs des meurtres perpétrés sous leurs yeux. D'autres, dans le contexte d'effondrement des structures de la société allemande, conditionnés par plusieurs années de propagande nazie, participent aux massacres et à la chasse aux déportés perçus comme dangereux.



Todes marsch
alcibiade, Posté le jeudi 27 janvier 2022 05:50
jojo271048 a écrit : "
"Ce film montre aussi que les nazis pensaient gagner la guerre même quand tout montrait qu'elle était perdue pour eux. il déplaçaient les populations des camps pour avoir de la main d'oeuvre dans leurs usines d'armement et aussi pour essayer de cacher les horreurs qu'ils avaient commises. Cette exterminations de millions de personnes pèse sur l'histoire et ne s'effacera jamais.