
Reste calme au milieu du bruit et de l'impatience et souviens-toi de la paix qui découle du silence... »
Le poème Desiderata de Max Ehrmann, aux accents de sagesse antique, trouve sous les doigts de Valentine Herrenschmidt, sculptrice calligraphe à Orléans, la grâce d'une toile arachnéenne en fil métallique, à installer sur un mur. « Mon vrai matériau, ce sont les mots », affirme la créatrice, exposante régulière au salon Maison & Objet, « et c'est au moment où m'apparaît un graphisme que je peux rendre le texte visible ».
La calligraphie latine rejoint dans la décoration ses homologues arabe et asiatique, au service de messages poé-
tiques et spirituels: sourates en métal, vendues en ligne, ou idéogrammes choisis sur tissus d'ameublement.
Mais, à l'image de l'art monumental du duo Mel et Kio, mêlant feuillages et vers en prose, elle joue avec les codes.
Le dessin de la lettre inspire. Pour Noémie Pottiez, graphiste et calligraphe, « les lettres ont un esprit et
une personnalité ; leur forme visuelle raconte déjà une histoire ».
La redécouverte des familles d'écritures s'affiche sur Pinterest, où 7,2 millions d'abonnés suivent le nouvel essor de la culture typographique.
Surtout la main est réapprivoisée.
En confiant leurs cartons d'invitation à celle de Nicolas Ouchenir, les enseignes du luxe stimulent la demande.
Le fait-maison suit, encouragé par des tutoriels, des sites ou des manuels. Mais, selon Noémie Pottiez, qui s'y est essayée avant de se former auprès de Serge Cortesi, à la Maison de la calligraphie, rien ne vaut un
professeur. « Tout est dans le geste, l'angle, la manière de tenir la plume, explique-t-elle.
C'est une discipline qui exige patience et concentration, un véritable exercice méditatif. »
Partout en France, les amateurs se pressent dans des cours et des ateliers.
Car, désormais, la calligraphie se pratique comme un art décoratif de l'intime, attaché à la trace des mots.
Pascaline Balland


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