
Bombes et obus pleuvent sur Alep
La bataille d'Alep longtemps annoncée est-elle en train d'avoir lieu ? Jeudi 28 avril, le quotidien al-Watan, proche du pouvoir annonçait « il est temps de lancer la bataille pour la libération complète d'Alep ». Et depuis les bombardements et obus n'ont cessé de raisonner de part et d'autre de la ville divisée depuis 2012 en deux, l'ouest aux mains du régime et les quartiers est aux mains des rebelles.
Une clinique touchée
Les civils ne sont pas épargnés. Vendredi 29 avril, une clinique a été touchée par un bombardement dans la partie rebelle d'Alep, plus de 24 heures après des raids sur un hôpital qui a fait déjà des dizaines de morts.
« La terre est en train de trembler sous nos pieds », a témoigné un habitant du quartier populaire de Boustane al-Qasr, de nouveau pris pour cible par des raids intenses menés par l'armée de l'air du régime.
Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait l'hôpital, a condamné cet acte « révoltant ayant encore visé un centre de santé en Syrie ». Cet établissement était « le principal centre pédiatrique de la région », a précisé l'ONG. Le dernier pédiatre de la zone, Muhammad Waseem Moaz, 36 ans, a été tué lors de l'attaque de l'hôpital.
Les États-Unis scandalisés
Les États-Unis se sont dits jeudi 28 au soir « scandalisé » par ces raids qui ont visiblement « visé délibérément un bâtiment médical connu » et « s'ajoutent au bilan édifiant du régime Assad qui s'en est déjà pris à de telles installations et à des secouristes », selon le secrétaire d'État John Kerry. Ils ont appelé jeudi Moscou à contenir le régime de son allié Bachar Al Assad.
Les Nations unies ont jugé « inexcusable » l'attaque de cet hôpital, son patron Ban Ki-moon appelant à ce que « justice soit faite pour ces crimes ». Il a condamné les « récents bombardements aveugles par les forces gouvernementales et les groupes d'opposition, et des tactiques terroristes employées par des extrémistes ». Il a appelé tous les belligérants à « s'engager de nouveau immédiatement à cesser les hostilités ».
Désastre humanitaire
Russes et Américains vont-ils s'engager à faire stopper les combats alors que l'envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura appelle la Russie et les États-Unis, parrains de la trêve entrée en vigueur le 27 février, à prendre une « initiative urgente » pour la remettre en selle ?
Plus de 4,8 millions de Syriens ont fui leur pays, la plupart des femmes et des enfants et se sont réfugiés pour la plupart au Liban, Jordanie et Turquie.
Près de 10 % de Syriens ont trouvé refuge en Europe, leur arrivée semant les germes de la division sur quel pays doit en porter le fardeau. Et près de 6,5 millions de Syriens sont déplacés dans leur propre pays.
Agnès Rotivel
Alep, « mère des batailles » pour le régime et l'opposition

à Alep, des civils recherchent des survivants après des frappes aériennes russes sur l'opposition syrienne.
Ibrahim Ebu Leys/Anadolu Agency
Si Bachar Al Assad veut garder le pouvoir sur toute la Syrie, il doit reprendre Alep.
Pour l'opposition syrienne, Alep devait être la capitale de la « Syrie libre ».
Toute victoire en Syrie passe-t-elle par Alep ?
Bachar Al Assad avait déclaré que la bataille d'Alep serait « la mère des batailles ». Celle-ci est déjà bien
avancée avec les bombardements et les tirs d'obus qui s'abattent depuis une semaine sur la grande métropole
du Nord. « Si Bachar Al Assad veut garder le pouvoir sur tout le pays, il lui faut reconquérir la ville », analyse Fabrice Balanche, chercheur au Washington Institute for Near East Policy.
Depuis le printemps 2013, Damas a tenté de reprendre les quartiers rebelles à l'est de la ville, en vain.
C'est avec l'arrivée des Russes, en septembre 2015, que les troupes du régime ont réussi à couper la route qui mène vers la ville d'Azaz et la Turquie.
« Il ne reste plus aux troupes d'Assad qu'à couper le périphérique nord d'Alep.
Mais avant, elles doivent faire partir les civils qui sont encore dans les quartiers rebelles », poursuit le chercheur. Ils seraient jusqu'à 100 000, à commencer par les rebelles et leurs proches.
À l'été 2012, alors qu'elle avait le vent en poupe, l'opposition espérait faire d'Alep la capitale de « la Syrie
libre », telle que l'avait été Benghazi pour la révolution libyenne. « Les rebelles ont échoué. Aujourd'hui, ils
sont dans une stratégie du chaos », poursuit le chercheur français.
Une victoire de Damas à Alep aurait des conséquences sur d'autres territoires qui échappent encore au contrôle du régime.
La bande frontalière avec la Turquie tombera aux mains de l'armée syrienne et des combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), qui contrôlent une bonne partie du nord de la Syrie. Outre le symbole
fort que constituerait un succès militaire dans toute la province au nord d'Alep, la zone d'Idlib, située au sud d'Alep, sera elle aussi encerclée, donc coupée des voies de ravitaillement depuis la Turquie, asphyxiant
ainsi la rébellion.
Le régime a-t-il les moyens de reconquérir la ville ?
« La stratégie de l'armée syrienne consiste à créer une double ceinture autour de la ville. Il s'agit d'isoler
les quartiers est, qui ne sont reliés à la province d'Idlib que par la route dite du Castello, le tronçon nord du périphérique, détaille Fabrice Balanche. Il ne reste qu'un kilomètre pour que l'armée syrienne parvienne à faire la jonction avec le quartier kurde de Cheikh Maksoud.
Le 14 avril, l'armée syrienne s'était emparée des fermes d'Al-Mallah, au nord d'Alep, et se prépare depuis à une nouvelle poussée vers le sud pour achever l'encerclement. Une plus large offensive à l'ouest d'Alep, entre Zahra et Khan Al-Assal, devrait achever d'isoler les quartiers rebelles en coupant la route de BabAl-Hawa.
Toute la périphérie nordouest d'Alep sera ainsi prise dans une nasse. »
Une trêve est-elle encore possible sur Alep ?
Le secrétaire d'État américain John Kerry était hier à Genève pour s'entretenir avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
S'il a évoqué un « conflit qui à bien des égards est hors de contrôle et qui perturbe profondément chacun
dans le monde », il a aussi renvoyé les belligérants dos à dos :
« Les deux parties, l'opposition et le régime, ont contribué à ce chaos, et nous allons travailler ces prochaines
heures intensément pour essayer de restaurer la cessation des hostilités. »
« Les États-Unis ne se mouillent pas à Alep, selon Fabrice Balanche, parce que c'est Al-Nosra, donc Al-Qaida qui
domine la rébellion syrienne dans la ville ».
Agnès Rotivel
scorpionbleu27, Posté le jeudi 05 mai 2016 07:41
sans doute eut il été préférable une intervention américaine telle celle effectuée en IRAK menant à grand coup d'esbrouffe à la fin de Saddam Hussein pour laisser la place à quoi, donc, si ce n'est une succession d'attentas mortels et d'une démocratie, mais laquelle?